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Traité de l’air : une histoire de ventilation

 
 

D’après le Healthy Homes Barometer, en 2017, prés d’un européen sur six vis dans un habitat malsain. La qualité d’air intérieur, ou QAI, de nos maisons, écoles, universités, bureaux, peut-être jusqu’à cinq fois plus pollué que l’air extérieur.

C’est pourquoi une bonne ventilation est indispensable au bien vivre dans notre habitat. Cependant, les évolutions réglementaires des précédentes réglementations thermiques ont plutôt eu l’effet inverse. Faisons un retour sur l’histoire des évolutions réglementaires concernant la ventilation pour comprendre ce qui c’est passé.

  • Première ébauche réglementaire : 22 Octobre 1969

Pour ventiler les logements il se met en place le principe de « balayage » : l’air neuf doit balayer l’ensemble du logement, en entrant dans les pièces principales (chambres, salons) pour être évacué dans les pièces humides (cuisines ,WC, salle de bains et celliers uniquement quand ceux-ci possèdent un point d’eau). Ainsi l’air sain se propage et traverse l’ensemble du logement et l’air vicié est directement extrait dans les pièces humides. Cette solution technique va marquer peu à peu la fin de la ventilation naturelle et voir le développement des solutions mécanisées.

  • Mise en place des systèmes hygroréglables : 24 Mars 1982

Maintenant que l’air neuf entre et balaye l’ensemble du logement il faut en maitriser les débits, en fonction des besoins, qui ne sont pas les mêmes pour un T2 ou un T5. Le débit de renouvellement d’air neuf est ainsi fixé à 0,5 volume/h pour les logements, puis en fin d’année 1983 (arrêté du 28 Octobre 1983), arrive la ventilation hygroréglable qui vient diviser par deux notre débit de renouvellement. Très nettement insuffisant pour ventiler correctement nos logements. Mais l’extrême faiblesse des débits minimum est compensé par les fuites parasites des logements.

Voyant comment est ventilé une villa T4, salon-séjour, cuisine, 3 chambres, salle de bains et un WC séparé d’après les différents avis techniques.

 

 

Exigences pour notre T4 fixées par l’arrêté du 24 Mars 1982 modifié le 28 Octobre 1983

Débit minimal : 20 m3/h, 20 m3/h minimum en cuisine et 0 en SdB et Wc si inoccupation.

Débit nominal : 180 m3/h, 120 m3/h en cuisine et 30 m3/h en SdB et WC.

Les différents avis techniques de nos amis industriels nous propose pour notre T4

Bouche 10/45/135 en cuisine : modulation de 10 à 45 m3/h et une débit de pointe de 135 m3/h si besoin

Bouche 5/40 en SdB : débit mini de 5 m3/h et maxi en utilisation de 40

Bouche 5/30 en WC : débit mini de 5 m3/h et maxi en utilisation de 30

Débit maximal : 135 en cuisine + 40 en SdB + 30 en WC = 205 m3/h. Nos entrées d’air devront avoir un débit de 205 m3/h

On est conforme a ce que nous demande notre arrêté :

Débit minimal : 20 m3/h => 10 m3/h en cuisine, 5 m3/h en SdB et WC

Débit nominal : 180 m3/h => 135 en cuisine, 40 en SdB et 30 en WC = 205 m3/h > 180

Or, le DTU 68.1 nous donne un débit de fuite de 75 m3/h pour un T4. Le débit des entrées d’air proposé par les différents systèmes doivent nous donner un débit de 205 m3/h – 75 soit 130 m3/h minimum.

Avec la ventilation hygroréglable le débit des entrées d’air sera de 130 m3/h mini et 75 m3/h minimum par les entrées d’air parasites (130+75=205m3/h).

Or le développement excessif de la perméabilité à l’air, inversement proportionnel à la maîtrise technique des systèmes constructifs et de ventilation mécaniques des opérateurs, a supprimé ce complément utile et nécessaire à la ventilation des logements. La somme des entrées d’air ne permet plus de répondre aux besoins en ventilation des logements.

La ventilation hygroréglable, avec un débit de renouvellement affaibli suite à l’arrêté de 1982 modifié en 1983, suivi d’un développement de la perméabilité à l’air a mené nos logements et être sous ventilé.

 

  • Et l’Europe, quoi qu’elle fait donc ?

Bien qu’il semble nécessaire d’augmenter les débits, cela n’est plus compatible avec les réglementations thermiques et l’impérieuse nécessité de diminuer les consommations des logements (bientôt). Il faudra pourtant arriver à prendre en compte les différents besoins : 30 m3/h/personne pour la pollution liée à l’occupation, 0,5 volume/h pour le logement. Les normes européennes EN 15251 et EN 13779 sont établies sur ces nouvelles bases et demande des débits d’air de l’ordre de 1 volume/h minimum dans les logements.

Pour répondre à l’augmentation des débits nécessaires il semble que les systèmes à récupération d’énergie pour les régions les plus froides (double flux) sont les plus efficaces, mais dans nos régions plus chaudes peut-être que des solutions plus efficientes peuvent être envisager.

Bien que la norme EN 15251 pose des exigences de renouvellement d’air de 1 volume/h en logement pour remettre de l’ordre dans la qualité d’air intérieur notre réglementation continu à fixer en hygro des débits de renouvellement de l’ordre de 0,3 volume/h. Une remise en cause des solutions techniques actuelles est absolument nécessaire pour répondre à cette double équation : augmenter les débits pour améliorer afin la QAI et continuer à baisser les consommations des logements.

 

 

 
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